Doser du phytoplancton sans le perdre : UV, écumeur, filtres chaussettes et ce que disent les tests

Le phytoplancton est au cœur de la nutrition récifale moderne. Il nourrit directement la microfaune, stimule la biodiversité et soutient la croissance des coraux. Pourtant, une partie des apports peut être détruite ou exportée presque immédiatement si l’on ne respecte pas certaines règles. L’UV, l’écumeur et les filtres mécaniques jouent un rôle essentiel dans la gestion du bac, mais peuvent aussi réduire fortement l’efficacité du dosage. Chez Recifaliste, nous testons et partageons depuis plusieurs années les meilleures pratiques afin de permettre à chacun d’optimiser ses apports de phytoplancton. Voici un guide complet, basé sur les observations et les retours, pour doser efficacement sans gaspiller.

Pourquoi le phytoplancton disparaît-il après dosage ?

Lorsque vous ajoutez du phytoplancton vivant dans votre bac, plusieurs phénomènes entrent en jeu :

  • L’UV détruit directement les cellules qui passent sous la lampe. C’est le principe même de la stérilisation par ultraviolet. Si l’UV reste actif, il élimine une fraction importante du phytoplancton que vous venez d’apporter.
  • L’écumeur extrait les particules en suspension par écumage. Le phytoplancton est alors éliminé avant même d’avoir été consommé par la microfaune ou les coraux.
  • Les filtres chaussettes ne retiennent pas directement les cellules, trop petites pour être bloquées par une maille de 100 ou 200 microns. En revanche, une chaussette encrassée devient un refuge pour des filtreurs qui consomment une partie du phytoplancton.

Le phytoplancton est également au cœur des chaînes alimentaires marines, comme l’explique l’Ifremer dans ses travaux de recherche sur le sujet.

Ces trois mécanismes expliquent pourquoi, sans précautions, une partie du phytoplancton dosé ne profite pas réellement au bac.

Tableau récapitulatif des effets

Équipements Effets sur le phytoplancton Recommandations
UV actif Destruction immédiate des
cellules
Couper l’UV 1 à 2 h pendant et
après le dosage
Écumeur Export rapide du phyto par
écumage
Éteindre l’écumeur 1 à 2 h après
distribution
Chaussettes Laissent passer le phyto mais
hébergent des filtreurs
Nettoyer régulièrement ou
by-passer 30 à 60 min

Comment bien doser selon Recifaliste

Les protocoles établis par Recifaliste recommandent d’adapter la dose en fonction du type de bac et du peuplement :

Corail LPS
  • Bac en démarrage : 2 ml pour 100 litres tous les deux jours
  • Bac SPS ou LPS : 4 ml pour 100 litres tous les deux jours
  • Bac coraux mous : 6 ml pour 100 litres tous les deux jour

Dans tous les cas, l’écumeur doit être mis en pause pendant au moins une heure, idéalement jusqu’à deux heures, afin de permettre au phytoplancton de circuler et d’être assimilé. L’UV doit être coupé le temps de la distribution pour éviter la destruction des cellules. Les filtres chaussettes, s’ils sont très encrassés, peuvent être retirés temporairement ou nettoyés plus fréquemment pour éviter la prédation.

Quand doser le phytoplancton ?

Le moment du dosage joue un rôle clé. Le soir, après l’extinction de la rampe, les polypes des coraux sont généralement bien déployés. C’est le moment idéal pour maximiser la capture et l’ingestion.

Le matin tôt, avant la reprise complète de la lumière, peut aussi être une fenêtre intéressante. Pour les coraux qui se nourrissent en journée comme certains zoanthus, un dosage diurne reste possible. L’essentiel est de trouver le créneau où la microfaune et les coraux bénéficient le plus des apports.

Astuces pratiques pour éviter les pertes

  • Doser dans une zone de brassage actif, pour que le phytoplancton se disperse correctement.
  • Éviter le surdosage massif : mieux vaut fractionner les apports que de tout ajouter d’un coup.
  • Ne pas négliger l’entretien des chaussettes : propres, elles laissent passer le phytoplancton ; sales, elles deviennent des pièges à filtreurs.
  • Observer l’eau après distribution : si elle reste trouble très longtemps, c’est un signe de surdosage ou d’export insuffisant.
  • Hydrater régulièrement la microfaune du bac grâce à une routine stable plutôt que des apports ponctuels trop importants.

Cas particulier : le traitement avec certaines souches

Dans certains cas spécifiques, comme l’usage de certaines souches de phytoplancton pour des objectifs particuliers, l’UV peut temporairement rester actif pour contrôler une éventuelle surprolifération. Ce cas particulier ne s’applique pas aux apports quotidiens destinés à nourrir la microfaune et les coraux, où l’UV doit rester éteint.

Observation et suivi après dosage

Il est essentiel d’observer la réaction du bac après chaque apport. Les polypes doivent s’ouvrir, la microfaune doit s’activer et la turbidité de l’eau doit diminuer en une heure maximum. Les paramètres de nitrates et de phosphates peuvent légèrement fluctuer, mais doivent demeurer stables. Si des réactions indésirables apparaissent (eau trouble persistante, biofilm excessif, augmentation trop rapide des nutriments), il faut réduire la dose ou la fréquence car cela signifie que le bac ne consomme pas la totalité du phytoplancton.

Résumé des recommandations

  • Couper l’UV pendant et après le dosage pour préserver les cellules vivantes.
  • Arrêter si possible l’écumeur au moins une heure, deux heures si le bac est bien peuplé.
  • Nettoyer ou contourner les chaussettes encrassées.
  • Doser le soir ou tôt le matin, au moment où les coraux se nourrissent le mieux.
  • Fractionner les doses plutôt que tout donner d’un coup.
  • Observer la réaction du bac et ajuster les apports.

FAQ

Faut-il toujours couper l’UV lors de l’ajout du phytoplancton ?

Oui, car il détruit les cellules de phytoplancton. Le laisser en marche réduit fortement
l’efficacité du nourrissage.

Combien de temps éteindre l’écumeur ?

Au minimum une heure, deux heures si possible, afin de laisser le temps au phytoplancton d’être consommé.

Les filtres chaussettes retirent-ils vraiment le phyto ?

Non directement, mais en se colmatant elles hébergent des organismes filtreurs qui consomment le phyto. Il est donc recommandé de les entretenir ou de les retirer temporairement.

Quelle dose utiliser dans un bac récifal ?

Selon Recifaliste, entre 2 et 6 ml pour 100 litres, tous les deux jours, en fonction du type de coraux.

Quand est-il préférable de doser le phytoplancton ?

Le soir ou le matin très tôt, quand les polypes sont bien ouverts.

Conclusion

Doser du phytoplancton vivant dans un aquarium récifal est un geste essentiel pour soutenir la microfaune et les coraux, mais il doit être réalisé avec méthode. En tenant compte de l’action de l’UV, de l’écumeur et des filtres chaussettes, il est possible de limiter les pertes et de maximiser les bénéfices. L’expérience montre qu’avec une coupure temporaire des équipements, un entretien régulier de la filtration mécanique et un dosage adapté au type de bac, les apports sont réellement efficaces. Chez Recifaliste, nous encourageons une approche raisonnée et observée, car chaque bac est unique. En respectant ces principes, le phytoplancton devient un allié précieux pour renforcer la biodiversité et maintenir un récif équilibré et durable.

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